Sécurité Humaine
Comme toutes les autres substances chimiques naturelles ou de synthèse, les produits phytosanitaires peuvent avoir des effets nocifs sur la santé des êtres humains s’ils ne sont pas utilisés de manière responsable. Le service Human Safety de Bayer est essentiellement chargé de déterminer comment nos produits de protection des plantes peuvent être utilisés en toute sécurité.
L’utilisation des produits phytosanitaires est un outil important pour protéger les végétaux contre les maladies et les infestations d’espèces nuisibles susceptibles de diminuer les rendements, et ainsi de menacer la sécurité de notre approvisionnement en nourriture. La récente invasion de criquets pèlerins en Afrique ainsi que les épisodes anciens où des populations de villages entiers sont tombés gravement malades suite à l’ingestion d’aliments contaminés par des champignons, en particulier l’ergot des céréales) et d’autres toxines naturelles comme les aflatoxines produites par le champignon Aspergillus flavus dans les arachides, le maïs, le blé, les fruits secs…fortement cancérigènes, en sont les parfaits exemples. L’utilisation des produits phytosanitaires vise à assurer des rendements suffisants pour permettre l’approvisionnement de la population mais aussi à garantir la qualité sanitaire des denrées agricoles produites.
Comme moi, ce ne sont pas uniquement des scientifiques, mais également des consommateurs, des parents et des membres d’une famille qui veulent avoir accès à une alimentation saine et sans danger, en quantité suffisante. J’espère que vous trouverez la description de ce que nous faisons pour la santé humaine intéressante et riche en informations. N’hésitez pas à utiliser notre site sur la transparence pour nous poser vos questions.
Pour pouvoir assurer la sécurité des êtres humains, il nous faut d’abord identifier les risques potentiels pour la santé humaine en cas d’exposition aux produits phytosanitaires. Pour évaluer ces risques potentiels, nous évaluons le danger et l’exposition.
Connaissez-vous la différence entre un danger et un risque ?
Que signifient le danger, l’exposition et le risque en matière de sécurité pour l’être humain dans le cas d’une exposition aux produits phytosanitaires ?
Afin de définir le risque potentiel de l’utilisation d’un produit phytosanitaire spécifique, il faut identifier le niveau d’exposition (dose) à partir duquel la substance chimique peut présenter une toxicité pour l’organisme exposé.
Toutes les substances chimiques peuvent être toxiques au-delà d’un certain seuil d’exposition. Un excès de sucre peut provoquer la nausée, de l’excitation et une augmentation du rythme cardiaque. Un excès de sel peut quant à lui provoquer une déshydratation, une augmentation de la pression artérielle et une arythmie. On parle dans ce cas de toxicité aiguë ou directe.
La durée pendant laquelle vous êtes exposé à un produit est également importante. Si vous mangez beaucoup de sucre chaque jour, cela n’aura peut-être pas de conséquence directe, mais cela peut entraîner des maladies comme le diabète ou l’obésité à long terme. On parle dans ce cas de toxicité chronique.
De la même manière, il est important de connaître la voie, la nature et la durée d’exposition des personnes susceptibles d’être au contact des produits phytosanitaires ou de leurs résidus.
Évaluation du seuil de toxicité
Pour évaluer le profil toxicologique, nous examinons :
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différentes voies d’exposition (orale, cutanée et par inhalation) ;
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différentes durées d’exposition : 1-7 jours (aiguë), 14-90 jours (subchronique) et 1-2 ans (chronique – durée de vie des espèces utilisées dans les tests) ; et
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différents niveaux d’exposition
Toutes les études sont conçues pour identifier les effets observés à différentes doses (niveaux d’exposition). La plupart des études possèdent une dose de contrôle (aucune exposition), une dose faible, une dose moyenne et une dose élevée. La faible dose est généralement au moins 100 fois supérieure aux expositions réelles auxquelles les personnes peuvent être soumises en cas d’utilisation des produits phytosanitaires conformément aux instructions de l'étiquette, et ne montre souvent aucun effet. C’est cette dose sans effet qui permet de déterminer un seuil en dessous duquel, on considérera le risque comme acceptable. Nous y reviendrons plus tard.
Exposition à des doses élevées par voie orale, cutanée ou par inhalation afin d’évaluer ce qui se passe en cas d’accident lors de l’utilisation d’un produit (par exemple : déversement). Les tests recherchent également les irritations cutanées et oculaires ainsi que les réactions allergiques potentielles.
Nous utilisons des tests reposant sur des programmes informatiques capables de prédire la toxicité à partir des structures chimiques (in silico), des cultures cellulaires (in vitro) et des études sur les animaux (in vivo) pour évaluer les effets potentiels sur l’ADN. Ces tests sont importants car certaines maladies comme le cancer peuvent résulter d’une modification du matériel génétique (comme l’ADN ou les chromosomes).
La toxicité résultant d’une exposition répétée à une substance chimique est également évaluée afin de comprendre les effets sur tous les organes principaux (foie, reins, rate, cerveau, système nerveux, os, sang, organes reproducteurs, système gastro-intestinal et muscles). Ceci est important pour les agriculteurs, les opérateurs chargés de lutter contre les nuisibles et toutes les personnes qui utilisent régulièrement des pesticides.
Des études spéciales sont menées sur les animaux pour évaluer les effets potentiels de l’exposition aux pesticides pendant la gestation, l’allaitement et sur plusieurs générations. Ces études sont spécialement conçues pour évaluer la fertilité, les effets sur les hormones, le développement fœtal et les effets pouvant être transmis du parent à l’enfant.
Ces études évaluent les expositions à long terme et le potentiel d’une substance chimique á induire des tumeurs.
En plus des études de toxicité générale, il est possible d’effectuer des tests afin d’évaluer des systèmes biologiques particuliers. Ces tests peuvent porter sur les systèmes endocrinien (hormones nécessaires au développement sexuel et à la santé générale), immunitaire et nerveux chez des animaux adultes et en cours de développement.
Il est important de comprendre comment une substance chimique pénètre dans le corps, où elle va, ce qui lui arrive et comment le corps l’élimine. Les études métaboliques étudient la manière dont une substance chimique est absorbée, distribuée, métabolisée (décomposée) et éliminée. Ces études sont souvent désignées sous le nom de « ADME » (absorption, distribution, métabolisme et excrétion). Les études métaboliques portent sur les animaux, les végétaux, le sol et l’eau, afin que nous sachions à quoi les personnes peuvent être exposées et comment la substance chimique ou les produits de dégradation de la substance chimique (appelés métabolites) se comportent.
Évaluation et modélisation de l’exposition
Pour réaliser notre évaluation des risques sur la santé humaine, non seulement nous avons besoin des informations sur le danger (toxicité), mais nous devons également comprendre l’exposition humaine. Les êtres humains peuvent être exposés aux pesticides de différentes manières :
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utilisation (mélange/chargement et application des produits phytosanitaires) à la ferme, dans un jardin ou chez soi ;
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résidus possibles dans l’eau potable et la nourriture ; ou
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utilisation médicale en cas d’infections fongiques (par exemple : pied d’athlète, mycose de la peau glabre ou mycose des ongles) et de parasites (par exemple : poux ou gale).
Des études sont menées afin de surveiller l’exposition des agriculteurs, des résidents, des passants et des consommateurs et de contrôler les résidus dans les cultures traitées, le sol, l’air et les eaux de surface ou souterraines. De plus, de nombreux pays contrôlent les aliments dans les magasins d’alimentation ainsi que les aliments exportés d’autres pays dans le cadre des bonnes pratiques agricoles.
Si les concentrations prévues présentent un risque potentiel, des mesures d’atténuation du risque sont impératives pour limiter l’exposition. Dans un tel cas, des modèles sont utilisés pour prévoir la réduction de l’exposition en modifiant les étiquettes, rendant obligatoire le port d’un équipement de protection et par d’autres mesures d’intendance. Vous trouverez d’autres informations sur l’atténuation des risques ci-dessous.
Évaluation du risque pour la santé humaine
En nous basant sur les connaissances obtenues grâce aux études de toxicologie, de métabolisme et d’exposition, nous établissons des valeurs de référence (Niveau d’Exposition Acceptable pour l’Opérateur (AOEL), Dose Admissible Journalière (ADI), Dose de Référence Aigüe (ARfD)) qui sont utilisées pour évaluer les risques que nos produits posent pour la santé humaine et déterminer la manière dont ils peuvent être utilisés en toute sécurité.
Dans nos évaluations, nous comparons les informations fournies par les études de toxicité sur les niveaux d’exposition pouvant avoir des effets (dose effet) aux concentrations prédites auxquelles les individus peuvent être exposés toutes sources confondues (alimentation, eau, air et utilisation générale). La combinaison du danger et de l’exposition nous informe du risque potentiel (rappelez-vous le requin : le requin est en pleine mer, mais si vous restez sur la plage ou dans une eau peu profonde, le risque est très faible).
Les approches d’évaluation des risques basées sur les réglementations peuvent varier d’un pays à l’autre, mais, chez Bayer, nous basons nos évaluations sur les méthodes scientifiques les plus robustes qui remplissent, voire dépassent ces normes. Tous les produits Bayer doivent se conformer à nos normes de sécurité avant que nous les soumettions pour homologation, même dans les pays ne disposant pas de telles réglementations. Quant aux anciens produits qui ont été homologués il y a longtemps, nous les évaluons régulièrement et atténuons toute utilisation non conforme à nos normes actuelles. Alors que nous modifions et améliorons constamment nos normes en fonction des avancées scientifiques, nos évaluations font partie de la gestion du cycle de vie de notre portefeuille de produits.
Nous effectuons deux grands types d’évaluation des risques sur la santé humaine compte tenu des voies d’exposition les plus fréquentes chez l’être humain : risque alimentaire (1) et exposition de l’opérateur (2).
Une évaluation de l’exposition du consommateur aux résidus présents dans les denrées végétales et animales et l’eau est conduite. Le produit phytosanitaire est appliqué au champ sur la culture selon les instructions de l’étiquette. A la récolte des échantillons sont prélevés selon les cas transformés ou donnés aux animaux puis analysés quantitativement pour déterminer la teneur totale de notre alimentation en résidus. En parallèle, nous utilisons des modèles ou bien des études de surveillance pour détecter les résidus potentiels dans les eaux de surface ou souterraines susceptibles d’être consommées. Les teneurs retrouvées sont prises en compte telles quelles et incluses dans la ration alimentaire. Ces valeurs sont largement surestimées car elles ne tiennent pas compte des systèmes traitements et de filtration subis par les eaux avant devenir potable.
L’exposition du consommateur est finalement estimée en multipliant les teneurs en résidus quantifiés dans les différents types d’aliments par les quantités d’aliments consommés. Ces données de consommation sont documentées selon les pays et les régimes alimentaires des différents types de consommateurs (bébés, enfants, adultes, personnes âgées, végétariens...). Il s’agit de faire une évaluation d’exposition la plus pertinente possible, fondée sur les données de consommation les plus en lien avec la population concernée. Cette exposition alimentaire est ensuite comparée aux seuils acceptables qui ont été définis par les autorités compétentes sur la base des études toxicologiques. Ces seuils intègrent au moins un facteur 100 par rapport à la dose sans effet observé. Dans la mesure où l’exposition reste inférieure à ces seuils, la santé du consommateur est garantie avec une grande marge de sécurité.
Les opérateurs et les agriculteurs, qui appliquent les produits phytosanitaires, sont ceux qui potentiellement sont exposés au risque le plus élevé de contamination. Il est donc important de s’assurer qu’ils appliquent les PPP en toute sécurité. Concernant la sécurité des opérateurs (par exemple : sécurité des agriculteurs appliquant un PPP), Bayer suit le code de conduite de la FAO et la manière dont elle détermine le risque pour les opérateurs appliquant un produit phytosanitaire.
En nous basant sur ces lignes directrices, nous évaluons le danger et l’exposition en utilisant des informations suffisamment prudentes, mais réalistes, pour déterminer de manière fiable le risque potentiel pour les opérateurs.
Nous utilisons ensuite des outils de gestion comme l’équipement de protection individuelle (EPI) pour garantir la sécurité des opérateurs.
Le tableau suivant illustre la manière dont nous appliquons les normes de protection de la sécurité de l’opérateur à nos produits, basé sur trois piliers.
- Collecte des données de sécurité : nous effectuons des tests pour comprendre les propriétés toxicologiques de nos produits afin de caractériser leur effet et leur comportement dans le corps. Nous déterminons également les voies d’exposition et la manière dont une substance peut pénétrer dans le corps humain (absorption cutanée/inhalation/voie orale).
- Principes d’évaluation de l’exposition et des risques : nous faisons des études et collectons des informations pour comprendre les pratiques locales, l’équipement utilisé, le comportement de l’opérateur et les sources d’exposition potentielle à nos produits pendant leur application. Plus nous collectons de données à partir d’une utilisation réelle sur le terrain, plus nos évaluations du risque sont fiables
- Activité de gestion des risques : nous ne nous contentons pas d’ajouter un équipement de protection à nos étiquettes. Nous nous assurons que les protections nécessaires sont disponibles et abordables et déterminons si elles seront utilisées correctement. En tenant compte des pratiques locales et de l’environnement, nous nous assurons que notre gestion du risque est réaliste et appropriée.
Mise en œuvre de l’évaluation pour la santé humaine
Si les études ont démontré que l’utilisation d’un produit conduisait à une évaluation de risque négligeable pour la santé humaine, alors il pourra être utilisé en absence de risque inacceptable. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’il peut être utilisé de sans précautions. L’évaluation pour la santé humaine indique également les conditions d’une utilisation sûre. Des conditions typiques seraient que le produit doit uniquement être appliqué pendant certaines périodes (nombre de jours minimal avant la récolte, par exemple), jamais au-delà de certaines doses et uniquement dans un contexte agricole précis. Par conséquent, une fois l’évaluation de sécurité achevée, des étapes supplémentaires sont nécessaires pour définir ces conditions d’emploi et obtenir la garantie de leurs mises en œuvre dans la pratique.
Sur la base des résultats de nos recherches, nous définissons des mesures pour contrôler (éliminer ou réduire) les risques potentiels dus à l’exposition à nos produits. Les mesures d’atténuation peuvent être les suivantes : port de gants pendant le mélange, le chargement et l’application ; restriction de l’accès aux champs traités jusqu’à ce que le produit soit sec ; ou application interdite juste avant la récolte. Nous confirmons l’efficacité de ces mesures grâce à des études expérimentales et la modélisation, qui permettent aux autorités d’évaluer l’adéquation de ces mesures pendant le processus d’homologation. Il est important que les personnes qui appliquent un produit phytosanitaire lisent, comprennent et respectent les instructions de l’étiquette.
L’étiquette sur l’emballage du produit fournit des informations spécifiques sur le produit et son mode d’emploi. L’étiquette sur l’emballage du produit est validée par l’autorité réglementaire qui a donné son autorisation de mise sur le marché. Cette autorisation fait suite à l’évaluation de toutes les données disponibles, et en particulier les résultats des évaluations sur la sécurité d’usage pour l’opérateur.
Les instructions figurant sur l’étiquette de l’emballage du produit visent à ce que la bonne quantité de produit soit utilisée au bon moment, uniquement dans les zones adéquates et sur les bonnes parties de la plante. L’étiquette sur le produit reflète également les conditions d’usage du produit qui sont sûres sur la base des évaluations de sécurité détaillées telles que décrites ci-dessus. Dans ce contexte, l’étiquette sur le produit indique également les mesures de précautions qui doivent être mises en œuvre, telles qu’une certaine distance à respecter entre la zone traitée et les étendues d’eau avoisinantes en utilisant des buses anti-dérive, ou l’incorporation du produit dans le sol après l’application.
De plus, l’étiquette indique comment éliminer correctement le produit et son emballage.
Il est important que les agriculteurs reçoivent la formation adéquate et des conseils pour bien manipuler les produits phytosanitaires. C’est le rôle des experts de gestion responsable des produits (Product Stewardship) qui travaillent en collaboration directe avec les agriculteurs ou avec les services de conseil agricole officiels.
Ils fournissent des conseils pratiques dans différents domaines et promeuvent les bonnes pratiques de gestion (BMP) concernant la sécurité environnementale et la santé humaine de nos produits et, entre autres, une gestion responsable des contenants. Vous trouverez d’autres informations sur nos activités de gestion responsable des produits dans notre brochure Product Stewardship.